Maladie si fréquente, si banale, mais si mal comprise. Certaines personnes ont fait de la spasmophilie, d’autres se définissent comme spasmophiles. Maladie de base de la psychosomatique, c’est en fait la maladie d’entrée dans la psychosomatique. Mieux encore, c’est celle d’avant l’entrée dans la psychosomatique. La somatisation c’est l’expression par le corps d’une émotion, d’un manque ou d’une souffrance qui ne peut se dire par des mots.
Que cette émotion soit consciente et indicible, ou encore inconsciente et donc exprimable uniquement par le corps. Toute souffrance a besoin d’être nommée. Cette somatisation sert de solution et d’expression. Découvrir ce ballet du psycho/soma, c’est aborder le fonctionnement de la vie. Parmi toutes les souffrances que peut rencontrer un être humain il y en a une qui est fondamentale : c’est la souffrance de la non-connaissance de l’amour, celle de ne pas être aimé. Souffrance fondamentale, car l’amour nous fonde et nous crée. Toutes les autres souffrances lui sont postérieures et subordonnées.
La spasmophilie ou L’amour
C’est l’amour primaire qui nous permet d’exister, qui nous apporte la sécurité de base, qui nous permet de nous construire, la certitude d’être, car l’on est aimé. C’est cela qui manque chez les spasmophiles. Cet amour de base n’a pas fait son travail de construction, et le spasmophile n’arrive pas à se définir. Ni lui, ni ses besoins.
Le second point important chez les spasmophiles est la non-conscience réelle de ce manque. Le manque d’amour qui ne se sait pas. Car pour savoir ce qui vous manque, il faut savoir ce dont on a besoin. Et pour cela il faut avoir accès à cet amour de base.
Dans la spasmophilie, l’amour qui ouvre au besoin n’a pas encore fait son travail.
On tourne en rond. « Je manque d’amour mais je ne sais pas que je manque d’amour ». Comment sentir le manque de quelque chose que l’on ne connaît pas ? Comme une soif sans savoir le goût de l’eau. La spasmophilie se manifeste de nombreuses manières. Le plus souvent par des spasmes disséminés des muscles. Les muscles mémorisent notre vécu émotif. La contraction traduit la tension et le refus comme le petit bébé qui s’arque-boute en arrière pour manifester son refus. Sait-il ce qu’il veut, pas toujours. Mais il sait son manque et ce qui ne lui va pas.
Chaque muscle permet un mouvement, l’expression d’une intention, et de l’émotion qui va avec. Dans la spasmophilie les muscles ne manifestent aucun mouvement précis, aucune intention précise. Où aller, il ne sait pas… Ils se contentent de se spasmer pour dire que cela ne va pas, sans avoir de solution à proposer. Le malaise d’avant la connaissance du besoin. Dès que je sais qu’il me manque de l’amour, dès que j’ai fait l’expérience véritable de l’amour, et que je peux nommer ce manque, alors la je ne suis plus spasmophile. Je sais ce qui me manque. Je somatise enfin d’une autre manière, de façon plus précise, par une maladie correspondante à la conscience et au vécu de mon manque. C’est pour cela que la spasmophilie est la maladie d’avant l’entrée dans la psycho-somatisation.
La guérison, c’est un changement de stade, la découverte du puits et du droit d’y boire.
Le manque essentiel, ressenti, omniprésent, invisible et impalpable, devient concret. La maladie commence à se somatiser; le manque apparaît, le travail du besoin peut commencer. Le héros de l’anti-spasmophilie c’est ce petit enfant qui a fait une bêtise à l’école et qui se fait gronder, même avec raison. Là ou les autres paniqueraient, douteraient, culpabiliseraient, lui se lève, assume, et dit : « moi je m’en fous, de toute façon mes parents m’aiment ».