Le pouvoir vibratoire des mots : quand le Verbe devient énergie créatrice
Et si chaque mot que nous prononcions vibrait au-delà du silence ? Et s’il était plus qu’un simple outil de langage — une onde, une intention, une pulsation énergétique en mouvement ? Le mot possède un pouvoir que nous avons souvent oublié : celui de créer, de transformer, d’ouvrir ou de refermer. Un mot peut élever une âme ou la diminuer, éveiller une conscience ou nourrir une illusion. Il a le pouvoir de guérir ou de blesser, de guider ou d’égarer. Ce n’est pas tant le mot lui-même qui agit, mais ce qu’il active. La réaction émotionnelle, la résonance qu’il touche en nous. Les mots sont comme des portails, des symboles chargés d’histoire, de vécu, de mémoires. Selon notre sensibilité, ils appuient sur certains nœuds, réactivent certaines blessures, réveillent certains maux. Les jeux de mots ne sont donc pas anodins — ils révèlent souvent les couches cachées du langage et les dynamiques énergétiques à l’œuvre. Prendre le temps de revenir à la source des mots, à leur définition originelle, c’est aussi se libérer des mensonges que l’on entretient sur leur sens. Car mal nommer, c’est mal comprendre. Et mal comprendre, c’est mal vibrer. Le langage, au fond, ne reflète pas la réalité : il la façonne, il la projette, il la fait exister.
Le langage et les mots ne reflètent pas la réalité, ils la créent.
Chaque mot contient une vibration subtile. Il porte une onde, une coloration, une intention. C’est une forme de magie : le Verbe crée. L’émotion qui le soutient, l’énergie qui l’habite, la conscience avec laquelle il est prononcé… tout cela donne sa portée réelle à la parole. Le Verbe, lorsqu’il est habité, devient guérisseur, révélateur, semeur d’ouverture. Alors, peut-être est-il temps de choisir les mots comme on choisirait des instruments sacrés : avec attention, avec amour, avec présence. Non pour convaincre ou remplir, mais pour réunir, pacifier, semer. Que notre parole devienne un chant, une offrande. Que nos mots s’alignent avec ce que notre âme souhaite faire fleurir.
Utilisez-vous des mots-poisons dans le pouvoir vibratoire des mots ?
Le langage que vous choisissez façonne votre monde intérieur. Certains mots alourdissent, enferment ou coupent l’élan. D’autres ouvrent, allègent et responsabilisent. Chaque mot que vous utilisez peut soit vous contraindre… soit vous libérer.
Les mots poisons
Ils ont un impact fort et souvent limitant sur soi-même. Ils figent la pensée, jugent ou imposent des contraintes rigides.
- Je ne dois pas …
- Je ne peux pas …
- Vrai… Faux …
- Toujours … Jamais …
- Il faut que … Il faudrait que …
- Tout … Aucun …
- Personne … Tout le monde …
- Je suis ceci…. Je suis cela….
Ces expressions ferment l’espace de choix, créent des croyances rigides et renforcent les limitations personnelles. Elles génèrent souvent pression, culpabilité ou enfermement.
Les mots antidotes
Ils invitent à la nuance, à la responsabilité personnelle et à l’ouverture. Ils apportent une respiration au langage et à la pensée.
- J’ai décidé de …
- J’ai choisi de …
- Possible… Possibilité… Souhaitable….
- La plupart du temps, presque jamais, souvent, …
- Je devrais, je vais, je vais essayer …
- Rarement … ponctuellement …
- Peu de gens … La plupart des gens …
- Je ressens ceci…. J’ai fait cela….
Ces mots nous ramènent à notre pouvoir de choix, à notre liberté intérieure. Ils nous permettent de prendre du recul sans renier notre vérité, tout en laissant place à l’évolution.
Le langage est le reflet de notre état d’esprit… C’est aussi ça le pouvoir vibratoire des mots. C’est le filtre par lequel passe et s’exprime notre mental. En changeant de vocabulaire, vous vous ouvrirez à de nouvelles perspectives, à d’autres manières d’envisager les choses. Repérez les “mots poisons” que vous utilisez dans votre quotidien lorsque vous vous exprimez. Entraînez-vous à reformuler vos phrases en utilisant des “mots antidotes” en corrigeant avec par exemple “enfin je voulais dire que…”. Cela demande de la conscience, soyez patient et surtout gentil avec vous-même ! Prenez de nouvelles habitudes pour acter votre nouvelle réalité.Chaque mot est une vibration. Veillez à ce que vos mots soient des ponts, non des chaînes. Car la parole devient réalité, et le verbe crée — que vous en soyez conscient·e ou non.
Quelques étymologies du pouvoir vibratoire des mots pour encore plus de conscience…
Le mot « argent » vient du latin argentum, désignant le métal précieux. Symbole de richesse, il fut pourtant extrait à la sueur et au sang, principalement par les esclaves — souvent captifs de guerre. L’argent était sacré, lié aux divinités. Le mot monnaie dérive de Moneta, surnom de la déesse romaine Junon. C’est auprès de son temple que l’on frappait la monnaie : une offrande, une énergie d’échange à l’origine… divine.
Et si l’argent, loin d’être sale, était une vibration sacrée à réconcilier ?
Le mot banque tire son origine du mot « banc » ou « table » — en latin mens, en grec trapeza, en italien banca. Autrefois, ces bancs servaient de comptoirs de change ou de vente. Les trapezai, banquiers grecs, exerçaient leur activité sur ces tables à quatre pieds — symboles à la fois du commerce, du prêt… et tristement, des marchés d’esclaves. Ainsi, la banque naît d’un lieu d’échange… mais aussi de pouvoir, de marchandage, et parfois de domination.
Et si remettre du cœur dans l’échange était le vrai défi ?
Le mot capital vient du latin capitalis, lui-même issu de caput : la tête. C’est ce même mot qui a donné chef, cheptel, ou encore capitale. À l’origine, « capital » ne désignait pas une somme d’argent, mais le nombre de têtes de bétail que l’on possédait : d’où le mot cheptel, pour évoquer un troupeau. La richesse se comptait en têtes… vivantes. Le sens économique de capital n’apparaît qu’au XVIe siècle, marquant la transition d’une économie agricole à une économie marchande. Mais dans l’inconscient, le lien entre la tête, le pouvoir, et la possession reste ancré.
Et si “être à la tête de” n’était pas tant une supériorité qu’une responsabilité vibratoire ?
Le mot chèque vient du persan shah, qui signifie… roi. Par glissements linguistiques et culturels, cette racine royale est devenue un symbole d’autorité dans les échanges économiques. Un chèque porte ainsi la trace d’un pouvoir donné, d’un sceau d’engagement. Il engage, il autorise. Il représente une parole écrite qui fait foi. Une forme moderne du « que ta parole soit ton contrat ».
Et si chaque engagement écrit était une parole royale, une énergie à honorer ?
À l’origine, le mot chômage ne parlait ni d’ennui, ni d’échec, ni de manque. Il venait du bas-latin caumare, qui signifiait : se reposer pendant la chaleur, faire une sieste à l’ombre, quand le soleil tape trop fort. Ce terme lui-même dérivait du grec kauma, la chaleur brûlante du zénith, celle qui invite à la pause. Un mot qui a donné, tout naturellement… calme. Alors, si l’on écoutait sa vibration originelle, le chômage serait un espace suspendu, une invitation à ralentir, à revenir à soi. Non pas une exclusion, mais un interlude de transformation, un temps de maturation invisible. Le vide apparent qui précède souvent un nouvel élan. Et si, derrière ce mot aujourd’hui chargé, se cachait une sagesse ancienne : celle de l’écoute du rythme naturel, du repos nécessaire pour renaître autrement ?
Le mot commerce vient du latin cum (avec) et merx (marchandise), mais merx désignait bien plus qu’un simple produit : il évoquait le prix d’un acte, parfois honteux ou illégitime, un châtiment, un coût, une rente, parfois même une réparation. Derrière ce mot aujourd’hui devenu banal, se cachait donc l’ombre d’une balance déséquilibrée, où ce qui s’échangeait n’était pas toujours libre ni léger. Le mot marché, issu de la même racine, n’était pas neutre. Il portait en lui une mémoire : celle des trocs, des sacrifices, des valeurs négociées. Un commerce du visible… mais aussi de l’invisible. Et si réenchanter le commerce, c’était revenir à une éthique de l’échange, basée non sur le manque ou le coût, mais sur le partage juste, vivant, vibrant ?
Le mot confiance vient du latin confidere, « avoir foi en », composé de con- (avec) et fidere (se fier, avoir foi). La confiance est donc un lien intime entre deux êtres ou entre soi-même et la vie, basé sur une foi, un abandon volontaire. C’est ce saut dans l’inconnu, cette force douce qui permet de lâcher prise tout en restant ancré.
La conscience, du latin conscientia, désignait à l’origine : la connaissance partagée avec un autre. Pas seulement un savoir intérieur… mais un savoir en lien, un ressenti reconnu ensemble. Il y a dans ce mot la trace d’une co-présence. Un pont entre toi et l’autre, entre soi et l’univers. Une lucidité qui ne s’éclaire jamais seule, mais qui s’amplifie dans l’écho d’un regard, d’un mot, d’une sensation. Et si être conscient, c’était se souvenir qu’on n’est jamais séparé ? Que chaque prise de conscience est aussi une reconnexion.
Courage vient du latin cor, le cœur. Le courage, c’est littéralement « agir avec cœur », faire face aux difficultés en mobilisant sa force intérieure. Ce mot nous rappelle que la bravoure n’est pas l’absence de peur, mais la décision consciente de la traverser, animée par la passion et la volonté profonde.
Le mot créativité vient du latin creare, « faire naître, produire ». Elle est la capacité à donner forme à ce qui n’existait pas, à inventer des mondes, des idées, des émotions nouvelles. La créativité est un souffle, une danse entre liberté et discipline, entre chaos et ordre.
Le mot crédit vient du latin credere, qui signifie… croire. Croire en Dieu, au destin, à l’autre. Et par extension, prêter. Car prêter, c’est croire à un retour. Croire que l’autre est digne de confiance. Derrière chaque prêt, il y a un acte invisible : une foi placée dans un futur possible. Le mot créance vient lui aussi de credentia, la croyance. Et fiduciaire ? De fides, la foi. Ainsi, la finance moderne est née d’un élan mystique. Celui de croire — en l’humain, en la parole, en la valeur donnée. Mais ce pacte sacré est devenu chiffre, intérêt, dette. Et si on réhabilitait le crédit… non comme un poids, mais comme un acte de foi en l’abondance du vivant ?
Curriculum Vitae, en latin, c’est « le cours de la vie ». Mais curriculum désigne aussi une course, une lutte, l’arène, la piste, le char lancé dans la poussière d’un hippodrome. Le C.V. moderne résume nos rôles, nos fonctions, nos cases. Mais il oublie parfois le feu qui nous anime. Et si cette « course de la vie » n’était pas une compétition, mais une danse sacrée, un chemin de conscience, un témoignage de ce que nous avons semé, senti, partagé ? Réécrivons nos C.V. comme des épopées intérieures, des fragments de notre humanité en mouvement. Pas une course pour prouver, mais une offrande de ce que l’on est devenu.
Le préfixe cyber- vient du grec kubernân : piloter, gouverner. Il a donné cybernétique… et plus tard, notre monde numérique. Aujourd’hui, il désigne tout ce qui touche à l’internet : cybercafé, cyberespace, cybercriminalité… Mais au fond, la question persiste : qui gouverne ? Qui pilote nos vies interconnectées, nos décisions, nos désirs numériques ? Sous les lumières froides du digital, le mot cyber rappelle qu’il s’agit toujours de direction. Une intention. Une force qui guide. Alors… est-ce nous qui dirigeons l’outil, ou l’outil qui nous gouverne ? Et si nous réinventions la cyberculture comme un espace conscient, libre, sacré, où la technologie devient prolongement de l’âme, et non de ses peurs ?
Débattre vient de battuere : frapper, battre, rosser. Ajoutez le préfixe dé-, qui intensifie… Et vous obtenez une scène de lutte. Une joute, parfois brutale, d’arguments qui s’entrechoquent. Le débat n’est pas une simple discussion. Il porte en lui l’énergie du combat : des mots jetés comme des poings, des pensées en duel, des silences lourds de tension. Même à l’intérieur de soi, débattre, c’est faire face : à ses contradictions, ses pulsions, ses désirs contraires. C’est entendre le tumulte, plutôt que l’éviter. Et si nous faisions du débat non une guerre, mais une danse d’idées, où chaque point de vue devient un miroir, et chaque affrontement, une occasion d’élargir la conscience ?
Le mot économie vient du grec oikos (la maison) et nomos (la règle). Au départ, il ne s’agissait pas de marchés ni de monnaie, mais d’organiser le foyer : la maison, la femme (isolée), les esclaves (rentabilisés). Cette gestion, décrite par Xénophon, était une affaire de pouvoir. Une économie autoritaire, où le maître règne en stratège, où tout – et tous – doivent produire, servir, obéir. L’économie n’est donc pas neutre. Elle naît d’un regard : un regard hiérarchique, qui voit le monde comme une chose à organiser, contrôler, exploiter. À la Renaissance, ce modèle s’impose avec la bourgeoisie. Et aujourd’hui encore, nous portons cet héritage : une économie du rendement, du chiffre, de la séparation. Mais une autre économie est possible. Une économie du vivant, qui ne gère plus les êtres comme des ressources, mais les honore comme des présences.
Le mot emploi vient de implicare, en latin : plier, entortiller, envelopper, emmêler. C’est un lien qui engage… parfois jusqu’à l’embarras. Être employé, c’est être plié dans un système, enroulé dans des codes, des horaires, des objectifs. Ce n’est pas neutre : on s’y implique, souvent jusqu’à s’y perdre. Et parfois, on y perd aussi le soi, pressé de rentrer dans des cases qu’on n’a pas choisies. Mais l’emploi peut aussi devenir voie, quand on remet du sens dans l’action, et qu’on retrouve l’élan intérieur sous l’obligation.
Le mot espoir vient du latin sperare, « attendre avec confiance ». Il est la force intérieure qui nous pousse à regarder au-delà de l’adversité, à croire en un avenir meilleur, même quand tout semble incertain. L’espoir n’est pas une illusion naïve, mais un moteur subtil, un souffle qui nous aide à avancer quand tout paraît perdu.
Fiscus, en latin, désignait un petit panier pour presser le raisin. De là, la pression fiscale… littéralement. Au temps des Romains, on pressait l’humain comme un fruit mûr, pour nourrir le trésor personnel de l’empereur. Puis vint le Trésor public, mais la main qui exige restait ferme. Le fiscal avait pouvoir de torture, et l’exactor, celui qui réclamait l’impôt, était connu pour son art de l’exaction : pousser dehors, contraindre, forcer à donner. Et l’imposteur, à l’origine ? Celui qui imposait l’impôt, au point que le mot lui-même devint synonyme de duperie. Alors aujourd’hui, quand on parle de fiscalité, le langage nous murmure que le rapport à l’argent n’a jamais été simple…et que la pression, elle, est toujours là.
Harmonie vient du grec harmonia, signifiant « accord, jonction ». À l’origine, c’est la rencontre et la mise en accord des éléments différents, une notion musicale autant que philosophique. L’harmonie est cette quête de l’équilibre entre les opposés, où la diversité devient richesse, et où la tension se transforme en unité.
Identité vient du latin identitas : ce qui est le même. Mais le même de quoi ? De qui ? De quelle source, de quelle essence ? Longtemps, l’identité fut définie comme ce qui fait qu’une chose est pareille à une autre, ou unie à une même substance. Mais qu’est-ce que je suis censé reproduire ? Une norme ? Une lignée ? Une attente sociale ? Et si l’identité, au lieu d’être ce qui nous pareille, était ce qui nous révèle ? Un espace mouvant, libre, où je peux être le même à l’intérieur de moi, même si je change, même si j’évolue.
Du latin investire : revêtir, garnir, mais aussi encercler militairement, pour priver d’entrée… ou de sortie. Investir, aujourd’hui, c’est placer des ressources — argent, énergie, temps — dans une cause, une entreprise, un projet. Mais étymologiquement, investir, c’est aussi cerner, assiéger. Alors que faisons-nous vraiment, quand nous nous « investissons » ? Nous mettons-nous à nu ? Ou nous recouvrons-nous d’armures ? Investir peut être un acte d’amour, ou un mouvement de repli stratégique. Tout dépend de la conscience qui habite le geste.
Le mot joie vient du latin gaudia, pluriel de gaudium, qui désignait un plaisir intense, une fête intérieure. La joie est ce mouvement spontané du cœur, cette lumière qui surgit de la reconnaissance de la beauté ou du bien-être. Elle est souvent fugace, mais puissante, capable de transfigurer l’instant.
Le mot liberté vient du latin libertas, dérivé de liber, « libre », opposé à servus, l’esclave. À l’origine, être libre, c’est être délivré d’un lien, affranchi d’une servitude extérieure ou intérieure. La liberté est donc bien plus qu’un état juridique : elle est un mouvement de l’âme, une conquête quotidienne contre les contraintes visibles et invisibles, qu’elles soient sociales, mentales ou émotionnelles.
Matrice vient de mater — la mère. Elle désigne d’abord l’utérus, puis le registre dans lequel on inscrit les naissances, avant de devenir le moule d’impression. Matrice, c’est donc à la fois : la source vivante, le lieu d’inscription, et le modèle reproductible. C’est là que naît, que s’imprime et que se répète. C’est là que le vivant prend forme dans le subtil. Et c’est là aussi que peut se jouer la mécanique du contrôle, de la reproduction industrielle, ou de l’oubli de l’origine. Retrouver sa propre matrice, c’est revenir à ce qui enfante,
mais aussi ce qui dépasse les formes.
Mental vient du latin mens, l’esprit, mais aussi de mentiri, mentir. Un double fond : la clarté de l’intelligence, et la fabrique de l’illusion. Le mental, c’est cet espace qui analyse, structure, compare, catégorise. Mais c’est aussi le terrain des histoires que l’on se raconte, de la peur du futur, des jugements passés. Il est outil, mais il peut devenir prison, si l’on oublie qu’il n’est pas la totalité de l’être. Et puis, il y a aussi cette racine monere — avertir, rappeler — comme si le mental, dans ses débordements, était aussi un signe, une alerte, un monstrum : un écho des dieux, un prodige qui invite à revenir au cœur.
Avant d’être un emploi, un rôle ou une compétence, le métier — ministerium en latin — était un service : celui de Dieu, du culte, d’une fonction sacrée. Puis le mot glisse : il devient tâche, pratique, puis gagne la rue. À la fin du XIIe siècle, une « femme de métier » désigne une prostituée. Le métier devient alors ce qu’on vend de soi, ce par quoi on est utilisé, reconnu, ou exploité. Et pourtant, dans sa racine, le métier reste une offrande. Quand on y met le cœur, le métier peut redevenir voie de l’âme, et non plus seulement moyen de subsistance. Redonner au métier sa dimension sacrée, c’est se souvenir qu’on sert quelque chose de plus grand, même dans les gestes les plus simples.
es mots autour de caput (la tête) ont donné de nombreuses expressions : Chef, chevet, chefferie, chef-d’œuvre, mais aussi achever, qui signifie à l’origine : « amener à sa tête », à son terme, à son accomplissement. La tête, dans la langue, est partout : elle dirige, elle contient, elle finalise. Mais elle ne domine pas forcément. Elle est aussi mémoire, conscience, orientation.
Et si revenir à la tête originelle des mots permettait de retrouver leur cœur ?
Le mot négoce et sa proche cousine négociation viennent du latin neg-otium, qui désigne le travail, le devoir, les obligations à accomplir. Mais ce terme cache en lui une réalité plus subtile et presque paradoxale. En effet, neg-otium est construit autour d’une négation : il signifie littéralement « absence de otium ». Otium désigne en latin le temps libre, le loisir, la liberté d’activité sans contrainte. Ainsi, le négoce ne se limite pas à un simple échange commercial, mais représente une rupture avec la liberté naturelle du temps, une privation de cette oisiveté choisie, au profit de l’obligation et du travail. Derrière chaque négociation, chaque transaction, se joue donc un équilibre fragile : celui qui travaille entre la nécessité et le désir, entre le poids des responsabilités et l’élan vers la liberté. Le négoce est la danse subtile entre le devoir qui lie et la quête d’un espace de liberté, entre l’effort imposé et la créativité libre.
Le mot négatif vient aussi de la racine latine negare, « nier ». Mais cette négation n’est pas un simple refus anodin : elle incarne une posture forte, une force qui s’oppose et rejette. Dire « non » n’est jamais neutre ; c’est une prise de position claire, parfois dogmatique, qui peut tracer une frontière nette entre ce qui est accepté et ce qui ne l’est pas. Être négatif, c’est incarner la résistance active, la contestation, l’interruption d’un processus. Dans cette force qui nie, on retrouve aussi une énergie puissante : celle de la critique constructive, de la remise en question nécessaire, parfois même du refus libérateur. Ainsi, le négatif est aussi ce qui permet de poser des limites, d’affirmer une identité, de clarifier une direction.
Le mot passion plonge ses racines dans une histoire intense et paradoxale. Issu du latin patior, pati, signifiant « souffrir » ou « endurer », et apparenté au grec pathos qui désigne la souffrance et l’état de celui qui subit, la passion originelle est avant tout liée à la souffrance. Historiquement, elle renvoie notamment à la passion du Christ, la crucifixion, le martyr — un engagement total, jusqu’au sacrifice. Ainsi, « suivre sa passion » pouvait littéralement signifier être cloué sur une croix, supportant l’épreuve ultime. Cette origine profonde contraste avec la perception moderne, souvent idéalisée, où la passion évoque surtout une émotion intense, joyeuse et romantique. Mais au fond, la passion reste un feu intérieur puissant, mêlant douleur et élévation, une force qui pousse à transcender la souffrance pour créer, agir et transformer.
Le mot patron vient du latin pater, le père, auquel s’ajoute le suffixe diminutif -on, signifiant « petit père ». À Rome, le père de famille, ou pater familias, exerçait une autorité absolue sur son foyer, ses enfants et ses esclaves. Cette figure paternelle incarnait le pouvoir, la protection, mais aussi la domination. De là dérive le terme patricien, désignant les membres de la classe dirigeante, seuls habilités à exercer les magistratures. Le patron, dans son étymologie, est donc bien plus qu’un simple chef d’entreprise : il est celui qui tient la barre, guide, commande, parfois d’une manière presque familiale mais souvent avec une autorité incontestée.
Paix vient du latin pax, signifiant l’arrêt des hostilités, mais aussi l’état d’équilibre intérieur et collectif. La paix est cette harmonie profonde, un silence vibrant, non pas vide, mais plein d’un calme actif, d’une présence apaisante qui accueille sans juger.
À première vue, le mot payer évoque l’acte banal d’échanger de l’argent contre un bien ou un service. Pourtant, son origine latine paco révèle un sens bien plus profond et symbolique : dompter, soumettre, débarrasser. Dans l’Antiquité, paco évoquait l’action de dompter un territoire par la charrue, de défricher une terre sauvage pour la rendre cultivable. Payer, c’est donc aussi purger, assujettir, transformer une réalité brutale en quelque chose de maîtrisé et apaisé. Ainsi, payer est plus qu’un simple acte économique : c’est une forme de mise en ordre, une action qui engage à la fois soumission et libération, confrontation et résolution.
Le mot personne trouve ses racines dans plusieurs langues anciennes. Il vient probablement de l’étrusque phersu et du latin persona, mais la source grecque prosopon désignait déjà le masque porté par les comédiens au théâtre. Ces masques donnaient une apparence, une identité, incarnant chaque « personnage » sur scène. Ainsi, le terme « personne » évoque non seulement une identité visible, un rôle joué, mais aussi l’idée paradoxale d’une présence ou d’une absence humaine derrière ce masque. Ce voile peut cacher ou révéler, dissimuler ou manifester ce que nous sommes profondément. Au fond, être « personne », c’est à la fois exister en tant qu’individu unique et jouer les multiples facettes de soi, comme autant de masques dans le grand théâtre de la vie.
Le mot potentiel découle de plusieurs racines latines autour de la notion de pouvoir et de possession. Parmi elles, potens signifie « puissant », forme conjuguée du verbe posse, « pouvoir ». L’adjectif possibilis exprime ce qui est « possible », et possidere (composé de pos- et sedere, « s’asseoir ») signifie « posséder » ou littéralement « s’asseoir sur ». Le potentiel désigne donc cette puissance latente, cette capacité qui n’est pas encore actualisée mais qui tient lieu de « siège » réservé, prêt à être investi. En parallèle, la racine grecque despotès (de dems-pote, « maître de la maison ») évoque la figure du despote, celui qui détient le pouvoir de façon absolue. Le potentiel, c’est ce qui attend encore d’être révélé, ce pouvoir à conquérir, cette place à prendre — la promesse d’une puissance intérieure prête à s’exprimer.
Le terme privé vient du latin privare, qui signifie « isoler », « séparer », mais aussi « priver de » ou « dépouiller ». Être privé, c’est donc être mis à l’écart, séparé du commun, dépossédé d’une part essentielle, que ce soit une chose matérielle, un droit ou une présence. Ce mot porte en lui une dimension de manque, d’exclusion, mais aussi une forme de solitude choisie ou subie, un état où l’on est invité à se recentrer sur soi-même, parfois à se reconstruire.
Sagesse vient du latin sapientia, dérivé de sapere, « avoir du goût, de la saveur », puis « savoir ». La sagesse est donc liée à la capacité de goûter la vie pleinement, d’en comprendre le sens profond au-delà des apparences. Elle est ce regard calme et profond, né de l’expérience et de la réflexion, qui guide sans juger et éclaire sans imposer.
Le mot salaire provient du latin salarium, qui désignait la ration de sel donnée aux soldats romains. Le sel, alors précieux et vital, était une monnaie d’échange pour assurer leur subsistance. Peu à peu, salarium a désigné la solde versée aux soldats, puis, plus largement, toute forme de rémunération. Le salaire est ainsi lié à cette idée fondamentale : la valeur du travail, la reconnaissance de l’effort, la juste compensation qui permet de vivre. Un rappel que, depuis l’Antiquité, ce qui nourrit l’existence matérielle passe aussi par un échange de valeur, parfois aussi simple et essentiel que le sel.
Le mot secrétaire vient du latin secretus, qui signifie « séparé », « mis à part », ou encore « caché ». Le secrétaire est donc, à l’origine, celui qui est mis à l’écart pour détenir et protéger les secrets. Cette fonction va bien au-delà de la simple organisation administrative : le secrétaire est le dépositaire d’informations confidentielles, un intermédiaire discret entre le visible et l’invisible, le connu et l’inconnu. Être secrétaire, c’est être celui qui veille dans l’ombre, qui connaît ce qui doit rester caché, et qui permet au pouvoir ou à l’action de se déployer en confiance.
Le mot service trouve ses racines dans le latin servitium, qui signifie « esclavage », « servitude », ou « joug ». Il dérive de servus, le mot latin pour « esclave », et du verbe servire, « être asservi ». À travers son histoire, le service porte donc en lui la trace de la soumission et de l’engagement envers autrui. Mais il évoque aussi, par extension, la relation d’aide, d’assistance et la mise à disposition d’une force au bénéfice d’un autre. Le service, c’est cette double face où se mêlent contrainte et dévouement, où le fait de servir peut aussi devenir une forme d’expression de respect, de don de soi et de responsabilité partagée.
Le mot solde vient de l’italien soldo, désignant à l’origine la rémunération donnée au soldat pour son engagement et ses combats. La solde est donc la rétribution concrète du service rendu, la reconnaissance tangible d’un effort souvent risqué, un signe d’échange entre la guerre ou la mission et la survie. Au fil du temps, le terme s’est élargi pour désigner toute forme d’indemnité ou de paiement, soulignant l’importance de la juste compensation dans les relations humaines, surtout quand elles impliquent sacrifice et engagement.
Le mot souveraineté vient du latin superus, qui signifie « qui est en haut », « supérieur ». Cette racine évoque le ciel, le domaine céleste, ce qui est au-dessus de la terre, par opposition aux enfers ou aux profondeurs. La souveraineté incarne donc la puissance suprême, la domination ultime, l’autorité qui vient « d’en haut », qu’elle soit divine, politique ou symbolique. Elle suggère aussi un état d’autonomie et d’indépendance, une capacité à régner sur soi-même et sur un territoire, dans un équilibre entre pouvoir céleste et réalité terrestre.
Le mot taxe traverse plusieurs langues romanes — du provençal taxar, à l’espagnol tasar, au portugais taixar et à l’italien tassare — tous issus du latin taxare. Ce dernier signifie « toucher », « frapper », ou « blâmer », et provient du verbe tagere, variante de tangere, qui veut dire « toucher ». Cette racine évoque un geste souvent brutal ou fréquent, comme une touche insistante ou une attaque répétée. Par extension, le mot a pris le sens de fixer un prix, d’imposer une charge, une contribution. La taxe est donc cet acte par lequel on touche la richesse d’un individu ou d’un groupe, souvent ressenti comme une pression, une ponction qui marque la relation complexe entre pouvoir, justice et ressources.
En ancien français, le mot travail évoquait avant tout le tourment et la souffrance. Il trouve son origine dans le latin tripalium, un instrument de torture composé de trois pieux, utilisé pour immobiliser les esclaves récalcitrants. Cette origine lourde illustre la face sombre du travail, souvent perçu comme une contrainte, une épreuve physique et morale. En russe, le mot travail se dit rabota, dérivé de rab, signifiant « esclave ». Le terme a donné naissance au mot robot, qui évoque cette idée d’une activité forcée, mécanique, dépourvue de liberté. Pourtant, malgré ses racines douloureuses, le travail est aussi le moyen par lequel l’homme transforme, crée, se libère et construit son humanité.
Le mot usure vient du provençal, espagnol et italien usura, lui-même dérivé du latin usura, issu du supin usum du verbe uti, signifiant « se servir ». Au départ, il s’agit de l’intérêt, le profit exigé pour l’usage de l’argent ou d’une marchandise prêtée. Cependant, le terme a pris une connotation négative, désignant l’exigence d’un profit excessif, supérieur au taux légal ou habituel dans le commerce. L’usure incarne donc cette notion de gain excessif, de prélèvement abusif, souvent perçu comme une exploitation, une appropriation illégitime ou immorale du fruit de l’effort d’autrui.
Le mot vérité vient du latin veritas, lui-même issu de verus, « vrai ». La vérité, c’est ce qui est conforme à la réalité, ce qui dévoile et éclaire. Dans son essence, elle est lumière, une force qui dissipe les illusions et éclaire le chemin, mais qui peut aussi être crue et exigeante, car elle demande de regarder les choses telles qu’elles sont, sans filtre.
Le choix des mots que vous employez conditionne votre manière de réagir dans une situation donnée… et dont les autres réagiront vis à vis de vous.
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